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    TDOR

 

Je n’ai pas d’autres commémorations que

ma colère

Et la seule flamme qui s’élève dans mon

esprit

C’est sur vos institutions

Psychiatriques

Sur vos prisons

Et vos corps juridiques

Je n’ai pas d’autres commémorations que

ma colère

Pour toustes mes sœurs, mes frères Assasiné·es

Violé·es

Mutilé·es

Emprisonné·es

Je n’ai pas d’autres commémorations que

ma colère

Contre vos rires

Quand vous nous appelez monsieur

Ou femmes à moustaches

Je n’ai pas d’autres commémorations que

​ma colère

Contre vous qui nous concevez purs réceptacles

Pour vos fantasmes.

Tous ces murs d’incompréhension qui nous séparent

Toutes ces extensions d’isolement

De la prison

Au placard

Toutes ces intimidations

Je vous hais

Et je n’ai aucune larme

Si ce n’est

D’indifférence.

Pendant que vous planifiez vos vies

Mettez vos chaussettes assorties

On meurt

Que ce soit à petit feu

Ou d’un coup brusque

On meurt

Que ce soit face à un client

On meurt

Que ce soit dans nos précarités

On meurt

​Que ce soit dans nos dysphories

On meurt

Que ce soit face à vos coups

Ou vos insultes

On meurt

Je vous hais pour nos douleurs

Et ma joie sera de voir un jour votre monde en cendres

Car je refuse que ces prénoms que je ne saurai jamais par cœur

N’aient pas d’autres sens que celui de la mort

Mes bougies ne seront pas pour le deuil

Mes bougies seront pour l’ami·e, l’amant·e attendu·e

Au son d’une musique de douceurs

Au son d’un espace qui refuse que les choses soient ainsi

Nous suicidables

Piétinerons

vos normalités

avant que nous

Retournions

à la poussière

​

pp. 65-67

​

Joyce Rivière, votre monde en cendres

éditions blast, 2023

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