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SALIVE

Ici, essai de la page pleine de bave, jolie bave, celle générée par l'envie et le désir de s'en lier dans la langue, avec, tout contre, glande salivaire, possibilité d'étalement, surface de lèche infinie mais précise.

Ici, seront posés, déposés, [presque] librement, ici vont entrer en résonances vos textes et les langues appelées et déployées dans cunni lingus, ici des liens frétillent de se faire.

Envoyez-nous vos écrits, brouillons, palimpsestes... toute page mettant à l'œuvre vos émulsions qui interrogent nos constructions sociales, l'identité de genre, sa réalité ou sa virtualité, nos relations aux vivants, les notions, concepts et valeurs sur lesquels repose l'hétéronormativité... Nous salivons déjà de vos tentatives où langue oscille, bouscule/bascule.

Tous les textes seront publiés sans passer par le comité de lecture, à l'exclusion de ceux qui ne correspondraient pas aux critères de la revue ou de ceux qui pourraient présenter des propos à caractère raciste, sexiste, homophobe, transphobe, injurieux... Les écrits y répondant indirectement ou dont les extraits envoyés ne rendent pas lisibles/visibles ce travail devront être accompagnés d'une note d'intention.

Envoi à qunnilingus[at]gmail.com.

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21.07.2024

 

Trancher
Trancher dans les peaux qui suintent des douleurs qu’elles ont tellement entassées
qu’elles les dégueulent sur les corps qui tentent l’amour de leur propre dégout -
trancher.


Abattre


Abattre l’espace disponible au pouvoir que l’on laisse à l’autre qui le prend et l’abat
à son tour abattre.


Foudroyer


Foudroyer du regard qu’il n’y ai plus de place au doute foudroyer la part de basse
estime qui permet la violence abattre.

 


Le regarde perce, le corps se redresse.

 


Se rassembler en nous


Se rassembler en nous entre nous qui trouvons la force. La force de prendre place -
pas pour la prendre toute ni forcer d’autres à la laisser - non. Mais parce que co-
exister implique que toustes et chaque puisse sentir et dire


« Je suis là »


Marcher ensemble dans le sens du vent et à contre-courant marcher rire crier gravir
les marches s’élever.


S’élever en face et sur les côtés – s’encercler, s’enjaillir de nos voix qui se libèrent


Prendre place et jouer à jouir


Exister sur l’espace publique - Dé-Ployer


Déployer et être et dire et faire écrire


Plutôt que taire et mourir – dedans – dehors


Jouer à s’encercler avec l’espace suffisant pour choisir le rythme du mouvement –
choisir d’entrer ou de sortir à tout moment.


Jouer jouir jouer jouir jouir de jouer


Fleurir à nouveau


Avec vous
Je ne flétrirai pas seule

Anna Pueyo, texte inédit, mai 2024

BULLHEAD


Il attrape une boisson au gingembre dans le réfrégirateur de la bodega et plonge sa main dans un pot en plastique pour récupérer 10 bonbons goût gingembre de plus qu’il pose sur le comptoir. Chargé de téstostéromania en intraveineuse, je me demande si pour une fois Bartleby would prefer to. Il gonfle sa poitrine avec des reniflements de taureau en rut, les poumons empli de masculinité. Se retournant sur moi à plusieurs reprises, la paleur de ma peau, à moins que ce soit mon oeil au beurre noir, lui inspire sûrement la possibilité d’un combat à mort. OK alors, je pourrai être ton prétendant, feeling haggard and cruel lately.

DENT CREUSE


Gazing out over the saké cup
the pubis fade into.
Pour me up!
Cyanide in hollow tooth.
Toxin runs through my veins,
is it love or deadly Prussian blue.
Ce qui veux dire : ces moments perdus ne seront plus jamais retrouvés, bébé, c’est trop tard !

Romain S.

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08.06.2024

LA ROUTE A PEDEX

 

  ll fait 50 degré, et ça crispe. Les cigales s’époumonent, sèches sans salive, leurs yeux

exhortent à la vie, leur langues sont des pavés durs qu’elles montrent en grand quand elles hurlent leur litanie rocailleuse.

Les figues à peine apparaissent-elles sur l’arbre qu’elles se transforment en bourses sèches, et les scarabées se précipitent pour une goutte de nectar s’il n’a pas déjà pourri.

Ici, on met de l’huile d’olive dans nos bouches

et le ciel de l’aridité n’est pas bleu, il est vitreux

et flanqué d’éclairs

en aout.

 

  Il existe un endroit espace public désert,

une route, un chemin

Qui part de l’Espagne, le cuir chevelu du début des Pyrénées et du Var, va de la vaguement à un autre endroit, vaguement plus haut, à peu près à la frontière, une route où on fait du STOP, pouce ongle-court, mi-long, archi-long, NUX, la route à PEDEX.

Pour se repérer nouz les zouz tpg, on se mets une glace1 boule sur la tête renversée et le cornet en gouffre croustillante dentelée est un couvre chef. Mangue, citron, pastèque, quoiqu’est-ce

la glace de chaud dégouline-visage, la langue curieuse, on s’auto-érotise franchement. Nos poux sont les mouches qui nous tournent autour et se collent

+ les moustiques piquent nos têtes alimentées

en sang pour sang

….fesses-fouet

bleus marquées

très très

 

 

ON est, disperséx le long de la route en solitaire, on suffoque, on respire doucement, pouce levé, le moins d’énergie possible à dépenser, rythme cardiaque bas, en attente de la bagnole d’un.e.x pédex.

Mon pouce dressé, je l’ai trempé dans un coulis-myrtille, j’ai super envie de le lécher. J’ai du granola dans les oreilles et ça me fait frissonner.

Une voitututure vrombit, moteur modifié, bruit de chuchotement ASMR, s’arrête en douceur à mon niveau. Ça sent l’essence cramée. La vitre se baisse, zzzz, lae pedex qui conduit descends ses lunettes de soleil très noires sur le nez, on se regarde, on se plait, c’est OK. Une autre personne est à l’arrière, on se regarde, on hoche les trois de la tête, je monte et voici mon offrande : la glace déglinguée.

Cielle qui conduit se présente et lèche le cornet en même temps de parler avec une langue qui n’a pas honte de se montrer et qui s’étire sur des centimètres pour s’enrouler fraiche :

« Je me présente, je suis un caniche en sueur, je suis comme une chienne, j’halète et je bave, j’ai des coussinets à la place des mains, mon cou s’allonge quand je hurle de plaisir et mes oreilles et ma queue jappe, jappe, je suis complètement fan des ciseaux,

Cependant je ne cherche pas de maintressex »

 

A moi :

« Je me présente, mon haut du corps est top et mon bas est total bottom. Les saisons sont mes maisons, et selon, viril en hiver, en été, gloss sur les sourcils et cils sur mes lèvres .

Au printemps, je suis en jachère-pomme de terre, mes terrains doivent se reposer.

Parfois, l’hiver, l’été, le printemps arrivent en un seul jour. Parfois ça change. L’automne j’en sais rien, je me rappelle plus. Aussi, je ne suis pas génitale mais périphérique »

 

La personne à l’arrière finit le cornet d’une bouchée, se présente en mâchant la bouche ouverte, des postillons partout :

« Je suis pâte a pizza, j’enfle doucement, je prend mon temps, je veux mon intuition vagabonder, mon levain est mon esprit. Une fois levée, il est possible de m’assaisonner avec soit tomate/mozza soit raclette/patate,

Supplément, basilic, persil, sauge,

et qu’on m’enfourne SVP

je deviendrai le four à 100 degrés  »

 

On sourit on se regarde, et comme un signal, on appuie ensemble sur le mode automatique de la voiture, on consent ensemble. LA VOITURE alors roule toute seule, tout droit, tout virage, tout tranquille.

On bais(e)se les sièges, on se, l’orteil dans la bouche, les doigts dans les oreilles, la salive à la glace sur le torse, le front contre le front, on se pince les genoux en fun, on se taquine, part de quiche au milieu de notre corps, ça nous excite par la chaleur et voilà pdex, on est sans ventilateur, en raz, en recherche, en doute, en chien, du miel sur le front, on halète, on aboie, on est phoque, labrador et centaure, on mord on poule, cacotte roucoule, à l’aise, timide, oeil hagard, nous queues à l’air, mains tendues, perdues doutant de ce qu’elles touchent

kiffant ce qu’elles ne comprennent pas

 

On fait CRAC CRAC comme ça pdex, en posture, en costume, de nos désirs aussi minus soient-ils aussi grand ils sont sur la route AAAAH.

 

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on s’arrête tout fard allumées, soleil du soir,

Dans un endroit où, sans repères,

enclos libre

fumant cigarette des poumons, fumées des chaleurs des terres brulantes

 

On se retrouve 6 COCHONNIARSSES ou 7, ensembles.

ON NE se CONNAIT PAS ni entre nous, ni nous-même

on ère

tout se balade et frise

chacun.x on connait notre historique en soi celui qui nous a fait un moi, surmoi et tralala,

les histoires qu’on garde dans la tête, celles qui nous font avoir

l’air ailleurs,

celles qu’on a pas choisies,

les histoires qui marquent en fer forgés,

 

EXPRES on ne s’est pas fait vacciner contre la rouille

EXPRES pour faire pourrir les récits dépossédants

 

On mange cochonnes des brigades d’orties, de truc fermentées, décomposées, perforées, pré-mâchées qu’on donne à l’autre qui donne à l’autre

buffet rétorqué - troqué de sexe

mon front contre front c’est du sexe

c’est du respect

c’est du sexe

 

fouet contre fesses

c’est du sexe

 

on est les pirates avec des lames

molles et gluantes

on crâne

on crâne

 

 

Après ces voyage, il est quasi impossible de reprendre un travail pro.

Caniche-pedex-eros, été 2023

 

Ce texte écrit s'adapte à l'oral.
Chaque "faute" est volontaire, car en tant que fils d'immigré,

l'auteur milite pour ce qu'on appelle "faute" : ce sont des moyens

d'éclairer et d'obscurcir le sens des choses ; les accords sont distordus

pour créer volontairement des confusions.

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25.05.2024

 

VORACE

 

Je te propose un huis clos.

Mieux, je te propose l'ultime intimité : celle de dévorer mon sexe, mais depuis l'intérieur.

Je ne m'effeuillerai pas, non.

Je te donnerai à voir ce qui est caché.

Je me dépècerai, car la vérité est toujours à vif.

 

Passe par ma bouche.

Ne me brusque pas, pas encore. Introduis-toi avec douceur.

Chéris ma chair, chéris mes dents.

Touche et apprécie la beauté de ma langue, et sa délicatesse. Sais-tu seulement ce qu'il s'est dit ici ?

Peux-tu imaginer que je me sois pourfendue, avec cette langue ; qu'il y eut pu avoir des instances où j'aurais voulu me la couper ?

Cette langue ; une appendice.

Vois comme elle se frotte contre mes molaires.

Veux-tu bien poser tes pieds dans leurs crevasses : le goût de tes semelles m'écœure.

Déchausse-toi. Trempe tes pieds dans ma salive. Là, ne trouves-tu pas qu'elle est froide ?

Ce jus, cette sève que j'offre sans détours : si vivante mais si hostile. Tu ne devrais pas être ici, tu sais.

Je n'ai pas été faite pour toi !

Je n'ai pas été faite pour recevoir. Je n'ai pas été faite pour m'ouvrir. Je n'ai pas été faite...

Je ne sais pas pourquoi j'ai été faite.

 

Tu frissonnes.

Est-ce ma grandeur qui te terrorise ? Ou les mots que je prononce ?

Les comprends-tu seulement ?

Comprends-tu que ce je dis ne sera jamais aussi violent que ce que je pense ? Ne crains rien de ce qui est dans ma bouche.

Je suis inoffensive quand je parle.

Mais si tu m'avais pénétrée par mon front trépané ou mon œil énuclée...Tu serais mort.e sur le coup.

Cloine

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03.05.2024

La première fois fut sans paroles

C’est la nuit que lune prend l’autre comme sucre en bouche. Toi tu fonds et moi je jouis – ou l’inverse. Si tu es un sucre si je suis la bouche. Colle la sueur son ruisseau. A explorer on mousse au pied de la montagne. Quelle végétation fournie ! s’exclama lune la première fois. Mais non, la première fois fut sans paroles. Stupéfaction du : joues à être mon chat et moi je suis ta chienne. Ou bien le chien aboie et me voilà l’oiselle. Ne quitte pas le sol reste bien à ta place. Là où je t’entremets je siffle et puis je bois. Tu accoures à mon signal et tu t’ébroues puis te donnes en spectacle. Tu frottes et réclames en chaleur au désespoir. Le volcan qui érupte est plus discret se tient. Toi tu largues les amarres, tends le bec, contiens. Recueille-moi, supplies-tu, encore. Car nous savons où est la maison. Et les plis de l’univers abritent la cachette. Je t’y rampe et t’y apprête à mon goût. Les guirlandes et puis les paillettes. Le couteau à ton cou. D’autres usages et tes yeux dans mes mains. Si je gagne tu jouis si je retiens la seconde d’avant tu cries. Je ne joue plus ! Tiens mange. Mange, puisque tu as faim.

J’ai encore faim, dit lune et l’autre docile demande dis et je te donne. Supplie : réclame et tu l’auras. Il me faut un baiser seulement un, celui qui a goût de miel, décrète lune. Alors l’autre donne, et en excès de plus, ne s’arrête pas le miel coule à flots, à en perdre le sens des –

L’autre pleut de partout et s’agence à lune en jutant la terre entière pour faire piscine à deux.

L’autre dit que suis-je d’autre qu’une autre à présent que lune m’aboutit dans son giron chaud et je n’ai pas de sortie pas d’exorcisation ni de rites astucieux pour ne retrouver que moi. Quelle étrangeté que vivre par le lieu resserré de qui suis-je que l’autre, naquit de la trachée ?

Je ne ressens plus rien au milieu de la nuit que l’odeur et les entrailles alourdies. Lune aime manger ma main et mes doigts et mon cœur. Lune aime quand je vomis et observe et interroge. Qu’est-ce que c’est dehors qu’est-ce que tu as craché. Est- ce que c’est précisément l’acide qui remonte de mes mains trifouillant ? est-ce que la maladie vient d’une forme de pointe dans le ventre quand trop joujou danse avec l’endroit ? Lune a des doigts et une langue comme il faut mais c’est tout. Et bien encore des éclaircissements dans l’œil car regard il y a sans jamais pouvoir placer le visage exact celui qui tombe en amour et vous voilà au fond du puits corps nu trempé et tirant la corde laisse-moi remonter. Lune recueille quand je vomis et lave avec la mer.

Lune explique c’est un rejet typique l’humanité reçoit mal parfois le trop que je donne, des doigts aux doigts et par-dessous. Malgré ça j’y retourne pour ce que je démarre du cri blanc de pleine nuit et l’oiseau m’accompagne.

L’autre bâtit un château pour piéger lune une nuit noire. Sans lueur mon amour je te fais cent et répercute dans le miroir particulier qui tresse lune qui tresse l’autre qui maintient entre quatre murs ce qui s’envole et décanille ce qui normalement s’interrompt. Sans lune quel monde, quelle marée, l’opération est déconseillée. L’autre pourtant conçut le piège comme on arrime son futur au pic fort qui crève la bulle, qui s’interpose, qui se compose. Qui connaît toutes les raisons pour lesquelles il faut piéger lune, sinon jamais l’autre ne connaîtra la vérité, jamais la vraie qui sort de la bouche tant que la bouche s’acharne à suçoter profond et finit le chemin encastrée où c’est rond, doux, où c’est l’autre qui crie – encore – bref, briser le cercle voulut l’autre, que le cercle soit tracé sur la langue à vous en faire hurler ou que le cercle soit celui du destin terrassé – bref, dit l’autre et s’excuse, se désole, mais d’apparence car voilà lune dans un palace qui d’or achève en douceur la liberté. Lune se débattit comme on peut quand on est lune et sans ciel et son reflet effarouché se prit droit dans le miroir tenant la lumière du soir et les mots par l’autre susurré furent clairs bien articulés : une prison n’est prison que tant que les mots ne sont pas prononcés, mais je veux la vérité, et pourquoi moi et pourquoi donc me faire fondre toujours en bouche ? Où est le récit, quel incendie ? où est l’explication, où est l’amour ? Mais viens je te montre dit lune en cœur et fit croissant pour s’y blottir. Un quart ou plus voilà l’autre dans le creux qui rossignol ne chante plus mais déjà s’enfonce en pleine lune et sent son cœur qui saute un peu. Lune fait sauter l’autre dans son creux, tant et si bien lune saute l’autre en pomme de terre sur la poêle toute chaude cramée et d’échalotte on agrémente. D’herbes un peu plus pour le goûter et le repas continue donc car la prison n’arrête pas lune mais au contraire concentre une lumière blafarde qui chauffe bien l’autre en déphase et lune promet de s’arrêter quand l’autre sera à point tout à fait. L’autre supplie un peu mais ne sait pas bien supplies-tu donc d’arrêter ou bien de continuer ? Lune s’interrompt pour écouter – mais encore, réclame l’autre, c’est le refrain, oui, on en conclut que le piège a échoué.

Pauline de Vergnette

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04.04.2024

Conjugaison des présents

Présents que vie prodigue
Au présent toujours se conjuguent,
Au présent d’inconnu.
Au connu imparfait, ne sont-ils pas dépassés ?
Au futur volontaire, combien feront-ils illusion ?

Présents que vie prodigue
Au présent toujours se conjuguent,
Au présent d’ici maintenant.
Aux fugitifs de cellule mentale,
Fuyant vers hier vers demain,
Toujours n’échappent-ils pas ?

Présents que vie prodigue
Au présent toujours se conjuguent,
Au présent d’inclusion.
Quels temps discriminatoires,
Genre personne au singulier au pluriel
N’excluent-ils pas ?

Présents que vie prodigue
Au présent toujours se conjuguent,
Au présent actif du chemin.
A voie passive,
Liberté éternité
S’offrent-elles si naturellement ?

 

Patrick Gillard, 07/12/2023

 

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17.03.2024

 

La Pomme

 

Situation initiale, j’te décris :
Des semences pour faire pousser des fruits
Et les étoiles pour guider la nuit
Village où tout le groupe vit dans une maison car
Bonheur parents partis
Maison grande
Royaume plein de fleurs,
Quatre fleuves et au milieu,
Réunis.


[...]


Cette grande maison appartient à A (j’introduis l’idée de possession),
A est en couple avec E
A aime E
Tout le monde n’a d’yeux que pour Elleux,
Alors qu’E n’a que des cris tristes.


[...]


E doute quant à ses sentiments pour A
E pourquoi ? E pas libre, A trop là.


[...]


E ne peut être sûre car parents partis, pas là, pas d’héritage, (j’introduis l’idée de transmission)
E sait pas mais veut savoir,
A sait bien, mais ne veut pas voir.


[...]


Alors, élément perturbateur :
Si tu veux savoir :
MANGE !


E doute encore car elle est allergique au gluten, veggie et un peu aérophage,
Mais il lui dit c’est qu’une pomme, jolie petite pomme


[...]


Alors E cède,
C’était la plus belle du fruitier alors tout le monde s’engueule.
Tout le monde se sépare et... plus personne n’a le droit de parler.


[...]


De leurs corps étrangers, dans l'éclat d’une éclipse,
Au compromis, conduits, il fallut qu’iels s’unissent.


[...]


Naquit la possibilité d’écrire encore.


[...]


Passivité latente, affligeante inaction.


[...]


Les genstes s’endorment et se réveillent, iels ne rêvent plus.


[...]


[...]


[...]

 

 

 


Situation finale, j’te dis :

- E avait été placée là pour accomplir un grand ŒUVRE

Par A, pour A

Quoiqu’il advienne

Que pour A.

- Désormais libérée du joug

De ce grand ŒUVRE

E sort à peine la tête de l’O

E l’OUVRE !

J’entends... Sa grande bou
Chacune de ses grosses dents, bien blanches

Prêtes à les mordre tou

Ouste les A qui ne passerez pas !

Là.

- Prête surtout à croquer de nouvelles pommes

Et plein d’autres fruits, fleurs, légumes, graines

De toutes les saveurs.

- Désormais elle prendra plus de place

Des pleines bouchées

Et son courage de ses deux grosses mains,

Bien blanches, les yeux

Fumants

Le cou

Sa rage

Son pouls

Saccade

Massacre

Couperet sur leurs pommes

Jusqu’à ce qu’il n’y reste qu’un trognon.

 

Fanny Dessartine

 

CONSTAT

 

Tiens toi qui

etc.


Ton visage tes yeux posés sur ton visage
Cristaux et écrin


Tes mains que tu accroches où partout
Maintenues au fond de tes bras
Que j’ai prises en chasse pour les saisir à jamais
Et ta voix qui chuchote qui s'envole
Ole olé


Voilà tout
Ce qui m'appartient ou c'est l'inverse ou c’est le partage des biens


De facto


Ah hé mais
Pourquoi je m’en vais vers toi
Si c'est dans mon cœur troué
Que je me retrouve
Que je te _______
Et si je t'aime comme un zahato percé bon à recevoir
Que d'eau que de la bonne _____ et fraîche
Je t'aime comme après le signe -


Ô femme _______

Sériel Bocciarelli

 

Saphiques iris


Effluve enivrante d’érotisme,
Rythme d’une messe alternative,
Sous notre alliage vaporeux,
Ténèbres se mêlent à tes yeux.
Noyée dans ces pupilles écloses,
Tes papilles dilatées m’effleurent,
Apothéose couleur glycine,
Ta langue fiancée de cyprine.
Et dans mon cœur les valves s’excitent,
Mon lexique à ta vulve s’exprime ;
Nos corps dévorés par cent rétines,
Quel exquis exhibitionnisme.

 

 

Elise Bauer

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05.10.2023

 

i wanted sang

 

I wanted sang sang sang

Mauvais·e œil avait pris
cette décision car iel pensait
pouvoir ainsi lier son
réconfort from fake trucs
magiques et ses besoins pour
exister socialement

créer son récit
national they said
about fRance,
vengeance et mauvais·e œil
would be sien

Comment faire
une campagne de fond
basée sur le besoin d’exister
calmement, doucement,
mais sexy

Iel se demandait comment
faire peur aux cons,
être impressionantx
tester mille faire la
gueule
dans les miroirs
essayer de pas penser à ton
visage qui coule

se satisfaire d’un futur proche
où on pourra s’injec soit même
de l’acide hialuronique

mettre ++ de débardeurs en
attendant que ses new big
épaules tombent de la transpi
du ciel.


LA VENGEANCE


I wanted sang sang sang

having ton + bel ensemble
jogging pour dater la fantôme
que t’as créé

teens have plan Q imaginaires

How to survive
heterosexuality; décor de
merde, staff de merde budget
mirobolant mal réparti et
sans effets :
looks like fRance or psg.

Transpire ta magie réparatrice
en baisant avec tes doigts ta sx
fantôme.

Regarder si le sex seul·e et
avec partenaires imaginaires
compte comme du sport.

Quelles horreurs fantomsex
devait-elle avoir connues pour
t’aider dans ton grand projet
de recherche-action sur la
vengeance :

would it be a projet de
vengeance dites juste (lol) ?
un carnage ciblé en rape and
revenge style ?
unx tricksterse humiliantx ?

Qu’est ce qui t’as le
plus foutu la rage, la
peur ou l’humiliation ?

“J’ai envie de jacuzzi de
larmes, que ça bloblote
ensemble tousxtes ces larmes,
+ morve de peur et de rage. It
rongerait le cul des connards
qui y passent, je kifferai l’odeur
de mon cul et j’en ferai un
sérum phy.
Je serai sur les stands de rdr
avec, en injec direct”

vengeance magique inspi T

I wanted sang sang sang
j’avais envie d’être dark,
mais impossible d’être dark sans
sens du style :(

“le problème c’est que
t’aimes le confort mais pas le
technique”

Ça l’avait beaucoup
complexé·e de grandir
avec des gentes qui se
considéraient comme cool et
averti·e·s

Mauvais·e œil lançait la
campagne “discrétion cool”:

se faire remarquer par des
moves de langage, vu que le
style et la personnalité n’étaient
pas présent·e·s en situation
socio-professionnelle.

Mais après des années de
bitchage – charriage,
iel s’est demandé·e comment
deal with violence sans la
reproduire.

mordre nearby
rageuxse mais sans gueuler
tu as des dents en mousse
après de nombreux mauvais
choix
d’où le focus sur les mots

envie d’être un ptit champi à
l’aise dans son milieu
pop up quand on lui pisse
dessus
tout content,
prêt·e à rejoindre les potes
being flasque et tordu·e
but tout le monde l’est –
fun new world

tu fais semblant de savoir
que leur vie est facile, et
après des années d’anorexie,
tu tentes de soigner ta dysmorphophobie en matant
des organismes vivantxs non
humainxs.

traîner avec des créatures en
papier toilette
qui gueulent plus fort que toi
c’est là que t’as trop bu et
qu’au lieu d’être devenu·e pq
t’as eu tes dents en mousse

quiproquo classique

c’était pas arrivé·e depuis que
t’allais plus au coiffeur
de te retrouver avec un
physique compliqué semi
permanent.

sarah netter, 2023

Homme nu voici mon corps


A l’homme nu
           J’offre mon ventre blanc
à ses caresses sans attache
à sa langue sans parole
à son corps aigu
           j’agrippe mon désir sans objet
à une mémoire d’avant soi
où l’on croit encore
qu’il faut se donner
et sourire
et languir
et lécher
et nourrir
et baiser
et soigner
et précautionneusement
être maison
           et fente
et déguiser les ombres
et apaiser les nuits
et vous chercher sous les bombes
et retenir les peurs
et retenir les mots
et les puissances explosives
et se défaire de la honte abusive
où dans le secret du lit l’enfant crache les limaces
qu’elle cache dans ses draps
comme un livre interdit


homme paon d’or
la boite s’ouvre
et libère les grenades


à l’homme nu
           j’offre ma peau
comme elle a soif
comme elle a faim
et comme elle jouit
de un, de mille
comme un taureau avide
comme un livre maudit


homme nu
           moi aussi
           je saurai faire la guerre


guerre contre tes mains sans oui
guerre sans tabou et sans oubli


peu importe ton nom
tes raisons, tes drames, tes gloires
cette guerre avance contre toi


Recule et tombe
retourne dans le lait
apprends de ta mère comme elle a eu soif
comme elle a eu froid
et faim
elle aussi


apprends comme le silence est lourd
et bannit la pensée
comme la honte est profonde
de n’avoir pas su – empêcher


corps manoir aux couloirs de vent
je suis forteresse et je suis de paille
je suis de plomb et d’éther
je suis d’armure et d’entrailles


homme nu
           va sous la pluie gluante
sous le soleil qui te traque
sous la neige hurlante
           Survivras-tu ?
Va
Sans armure
Face au lion, face à l’ours
Face au loup et aux louves
Nu, sans glaive et sans feu
Ils auront raison de toi
de ta peau de papier, de
tes ongles roses et de
ton sexe exhibé


homme minuscule
apprends l’humilité


Homme nu
           Admets tes pleurs
           Empêche ton désir


Alors, peut-être
Nous connaîtrons les oraisons
De mystères et de réconciliations

 

Préservons l’inconnu
           L’inconnaissable
Découvre sans trahir
Les aurores et les nuits
Perméables aux merveilles


Geste-regard
Main offerte
Fragile


Alors, peut-être
Saurons-nous nous reconnaître


Homme nu voici mon corps


Ce n’est pas un champ de bataille
Ce n’est pas une terre à conquérir
Ce n’est pas


Homme nu


Apprends le courage d’aimer
Préserve ma liberté
Préserve ma force
           ma joie


je veux la possibilité d’une aube
           la fin d’un héritage
je veux mon désir avec le tien
je veux fantasmer peau à peau
je veux le corps – feutré
           traversé de rayons
les yeux mi-clos
espace sonore
           soupir


Je veux habiter les forêts sacrées
de la parole et du rêve


frêle frisson d’incertitude


soyons la chimère
et le nid
d’où s’échappent
nos oiseaux


homme nu voici mon cœur
 

Coline Brouillard, Nice, 2021

 

Nos ferveurs

 

Cris de rage
Colère infinie
Nos cris sont muets
Collés à la nuit
Murmures murés
Mes mains dans le seau gluant, larmes et cyprines mêlées
Je te veux toute entière
Les lettres crachent des poussières d’étoiles noires
Elles s’éclatent dans nos rires
Elles s’arrachent sous vos mains jalouses
Elles transpercent le cœur des sœurcières, des vieilles femmes en feu
Elles s’étalent sous vos yeux amoureux
Tremblent
Brillent
Se font manger par des escargots voraces
Dégoulinent sous les ciels d’orage
Vous narguent, éphémères présences, toujours recommencées
Arrache-nous et nous deviendrons des milliers
Adventices de la nuit
Herbes folles d’acrylique ou d’encre de chine
Posca mon arme, je te dégaine et les mots se lèvent
Pas de silence
Pas de bruit
Entre chienne et louve je trace, je fais face, je m’efface

 

Corinne Laval

 

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23.05.2023

 

hétéro-collabo

Je t'aime comme une criminelle,
Comme une fugitive et c'est cruelle.
Je cache la cyprine
Sur mes doigts
       Sur le coin de mes lèvres
               Dans ma culotte
                          Quand je te vois.
Je cache ma vulve
Ma vulve qui mouille
       Qui se dilate
                Qui te cherche
                        Qui t'attend
                                Qui tâche ma culotte.
Je cache mes tétons
Qui pointent vers toi
       Qui se languissent de ta langue
               Qui s'accrochent à mes vêtements.
Je cache mes mots d'amour
Dans une lettre
         Un journal secret
               Un mot de collégienne
                     Une antisèche de lycéenne
                              Une boîte sous le lit du crous.
Je t'aime d'un regard discret
D'un regard honteux ?, et doux.
Je t'aime en secret, loin de tout.
Loin des hétérosexuels
Et leurs hétéro-collabos,
       Leurs hétéro-flics
               Leurs hétéro-CRS SS
                         Leurs hétéro-juges
                                    Leurs hétéro-bourreaux.
AHCAB
All
Hetero
Cops
Are
Bastard

 

Mellie

@mellie_enchantier_littéraire

 

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11.05.2023

 

Heterofriendly

On a tou·te·s des hétéros de compagnie
Des qu'on croise au boulot
Des qu'on voit en photo
En peinture
En vidéo
Des qu'on a près de nous

Certain·e·s sont des copaines
D'autres sont nos reflets
D'autres renvoient des
"Pardon mais moi je peux pas
Ça me dégoûte"
Ou des regards polis
Qui se détournent vers le buffet
Pour se boucher les oreilles avec
Petits fours ou entremets

Il y a souvent celleux qui nous ont donné naissance
Nous regardent avec bienveillance
Ou insistance
Pas toujours complices
Feuille de vigne entre les cuisses

D'autres qui pensent
La disparition de l'espèce
Homosapiensgoudou+
De blague en blague nous poussent
Dans nos retranchements
Dans un canal
Ou au suicide
- banal -

Les hétéros de compagnie
Ne sont pas toujours de bonne compagnie

On voit leur sourire partout
Sur les murs des salles d'attente
Sur les murs du métro
Sur les murs du ciné
Iels nous tiennent compagnie
Dans le prêt-à-penser
Prêt-à-aimer
Prêt-à-imaginer un destin bien tracé

Iels ne savent pas
Comme c'est dur d'aller si droit
Comme c'est doux
De faire des bisous
À tous les cous
De tout renverser
De dévier
De déchirer
Une norme de papier

Les hétéros de compagnie sont de drôles d'animaux
Iels vont sans laisse
Sont parfois tristes parfois rigolos
Parfois sont fidèles
Parfois font pipi
Pour marquer leur territoire réglo
Dégueulent de grosses boules de poils
- j'ai pas fait exprès, déso -

Mais dans l'ensemble
Il y en a plein que j'aime bien
Iels sont gentil·le·s
Alors je suis hétérofriendly

 

Angèle Lewis

@angele.lewis.poesie

 

 

 

 

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18.04.2023

 

Y avait une dizaine de sardines oubliées
Qui agonisaient dans une indifférence relative
Un pêcheur s’est penché pour en remettre à l’eau, une
Il en restait plein, j’osais pas moi, les rejeter à la mer
J’avais peur d’être, moi, rejetée
S’il y avait eu une insulte dans mon geste
Si j’étais réduite en sensibilité féminine
J’y connaissais rien quoi
On m’aurait vu nettoyer le pont, juste  
Donc j’étais coincée dans ces hypothèses
Qui tenaient mal face à l’agonie  
Et là y a cheveux bouclés grand sourire Ana
Qu’en ramasse encore une
Et je savais ce qu’elle allait faire
Et j'voulais pas j'voulais pas,
Mais j’ai tendu les mains par polivitesse


Et le monde entier était dans mes mains
Ramassé dans la peau d’une sardine
Sous mes paumes j’ai senti battre son cœur
Très fort
Un grand coup
Jusque dans mon cœur affolé j’ai senti battre son cœur
Jusqu’à l’eau dans mes yeux, j’ai arrêté de respirer
J’avais une envie folle de la garder, entre mes poumons
Et que le temps s’arrête  
Le plus longtemps possible, d’amour
Je voulais l’embrasser, lui faire sentir ma joue le creux dans ma poitrine  
Cependant elle souffrait et ça, me déchirait
Je pensais que mon envie d’elle la tuait, j’y connaissais rien (mélangeais tout)
De longues secondes je luttais contre mon désir
De courtes secondes d’amours
Nous étions minutées
J’ignorais qu’elle était condamnée, de toutes façons
C’est par ignorance autant que par sens moral, que je me suis quittée d’elle
Elle n’a jamais retrouvé l’eau
Quand je l’ai rejetée à la mer, une mouette l’a mangée


Et je reste à me demander, si entre le filet et l’oiseau
La sardine aussi, m’a rencontrée
Si elle a senti comme je l’aimais
Comme j’étais touchée par elle, ce qui lui arrivait
Si l’agonie est un peu soulagée de mourir se sachant aimée 
Et sur ma vie continuée, ce que cet énorme battement de cœur a fait
Paupières fermées je le sais glissé sous ma peau  
Où il sonne encore argenté    
Un choc ; rappel des faits : l’intensité
Il y a des relations insensées
Sincères inconfortables brutales émerveillées  
C’est ce que crûment la sardine a rappelé
Mon cœur, d’où il est 

 

La Boa

@laboaxo

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01.11.2024

 

Au sortir d’une vie très pleine, l’épouse de ma femme et mon amante ont rendez-vous au café Tea-time, boulettes de kefta et amandes disposées dans des plats saupoudrés de flocons ; elles baillent en recevant ma proposition, et la fumée de cigarette forme d’autres navires enlacés, l’imitation d’un paquebot de croisière, dans un monde à jamais muet dont elles voudrait changer la courbe ; le dessert se met à voler, petites assiettes et petites cuillères suivis par la nappe, dès que leurs langues se touchent : elles lèchent.

La température monte dans le goulot, elles s’amuseraient tant de leurs lèvres, de leurs cous, traits d’unions, incertaines, l’humour contre la terreur enfouie, on passe les détails sans blesser les muqueuses, le geste de l’infirmière chevauchée les doigtant délicatement, un panorama illuminé d’eau pâle.

Elles rencardent la troupe et, en horde résumée, tiennent de la grande débâcle à courir comme ça, tenant par bords et coins la grande bâche recouverte de la quantité de fraises bien juteuses nécessaires, variétés ciflorette, gariguette, cigaline, mara des bois, Charlotte, ostara, elsanta, reine des vallées, alpine blanche, diamante, vivarosa; elles la déploient dans la plaine d’arrivée, se jettent dessus jusqu’à faire glisser leurs peaux à merveilles sur les fruits écrabouillés, bazardent corps mouillés sucrés les uns contre les autres, sirupeuses suantes, la survivance des vulves s’épousent, leurs langues cherchent dans les jus souterrains à palpiter ailleurs qu’en soi, cet enseignement empirique les rend joueuses fontaines affamées.

C’était toujours celle qui était au milieu de la bâche qui prenait en premier, elle ne devinait pas les gestations assoiffées, les situations retournées denses et nettes en demi cercles, elle remonte les preuves comme un trésor sans prix, et voit la même courbe exponentielle, la beauté du monde détruit régurgitée sous elles.​​

Celle qui venait sans éclats planait très haut et allait un peu vite en besogne, voulait de la substance du ciel à la terre, acidulées cellules, et puissance de l’inattendu, tout voir tout essayer et nourrir à son tour ; avant de prendre l’avion, savoir tourner la clé dans la serrure sans faire aucun bruit, luttant contre le fou rire suffoqué.
Son long manteau en flammes, ma demande emboitée dans la sienne, pelotonnée dans sa vie antérieure occupée à tracer des mots en miroir, juste la revoir, le coeur dans la bouche, de la terre sur les lèvres, attentive à la source du signal, rester ensemble jusqu’au soir, rattrapées par les outils de sa vision amazone au risque de l’essentialisme, reliquats d’extases écrasés sous ses doigts de charnière feutrée.

Keskifaupa entendre, on n’aurait jamais cru que devant nous il n’y aurait que la route de briques jaunes jusqu’à la ville d’os, l’odeur de nos vêtements humides sur lesquels sont restés collés des morceaux de calamars, on a perdu le plus important, la vie terrestre ne sera plus supportable, ni plus ni moins l’une d’entre elles, consciente d’être là où l’eau brillait dans l’herbe couturière intime.

Béatrice Lussol

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25.09.2024

Une histoire d’amours
 

Un jour, avec le temps,
fantasmes papiers-mâchés
trop vétustes
ont rouillé leur bosse ;
puaient le pas-vrai,
le plastique fondu
et c'est quoi alors
qui a planté la machine
qui déroulaient si bien
ses inepties sexuelles,
son récit garçon-fille,
et moulaient à merveille
les histoires solitaires,
les histoires murmurées
à ses propres oreilles.
une bouillie, les récits fantastiques
que le croque-mytho a dévorés tout crus
quand le corps à corps devenu électrique
a mis le garçon-fille à nu.e
sous des mains argentées et poilues,
bidouillés, les protagonistes ont pris d’autres visages.
le bug évacué dans le Canard-WC
l’autre découvre enfin une géographie secrète
et arpente joyeusement ces reliefs amies.
enfin l’on se peut entre-toucher,
s’entre-nommer « désir »
et sans raffinement dans les yeux
de l’autre, l’une,
loucher dans le plaisir.


*


sans filtre


Tu files entre les doigts
les dés jetés partis,
tu files hors du filet et,
happée et pleine encore
de ta nuit, me rappelle ta fumée
et ta chatte sans filtre, je fuis
les fumigènes intérieurs
de mon propre fumier
mais peine à te rattraper.
J'ai dû fleurir contre mon gré
il y a longtemps au fil
de l'enfant déjà fané et
voudrais en finir ;
tu me passes sous le nez, je m'enfuis
fantasme frustré de vivre filiforme, je
fais tout un foin de tes fesses
sous mes mains affamées,
frontales je rencontre
mon corps haï et puis, sous tes mains
pardonné
faut s'y faire,
à force
et claquer derrière soi
et ta peau et le corps
que j'ai pas été ;
la fille trop été trop fragile et
sans fierté de mes seins trop serrés ;
je me sens
l’aigreur des filles sans front
bien fardées frêles et effilées
et peut-être
trop fille pour t’empêcher de filer.


*


Les lenteurs


au matin elles se touchent
avant de se quitter
elle fait de leurs bras des bouches
en pensées
dans la baignoire d'évidence
où elle s'est endormie
dans les restes d'avances
sous l'anis formulées
aussitôt dans le lit,
et si vite, annulées,
elle m'étonne à moitié.
étonnantes caresses,
comme plein de mains tendues
autant de fois reprises,
désirées et puis prises
pour des caresses contraintes,
et puis encore jetées
sur les étreintes promises
elle compte
les fleurs sur les draps,
jusqu'à trois, sur son dos retourné
se glisser dans ses bras
elle compte
tous les câlins contenus
ce matin
elle sourit sur ces lenteurs lesbiennes
qui l'ont tenue cette nuit,
et dans le lit la retiennent,
elle se dit tant pis
une prochaine fois


anouk chatellier

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