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Stupre, Arthur Rimbaud la gouine



 

Je m'appelle Arthur Rimbaud
et je suis gouine
une vraie gouine qui aime l'autre trempée
aux bouts des doigts serrés
ma peau qui colle aux leurs
ma chatte qui suffoque leurs cuisses
j'aime garder ma veste quand je baise
j'aime quand ça répond direct en face de moi
j'imagine serrer ta nuque très fort
pendant que tu me suces
ma veste toujours sur mes épaules
mon poing à l'entrée de ton cul
tu t'ouvres trempée et impuissante
tu ris

 

Arthur Rimbaud


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mon avenir proche est une rentrée sombre
entourée de personnes intellectuelles
faussement bourgeoises ou faussement pauvres
on performe la précarité et l'intelligence artificielle
tout sera critiqué et réduit à néant
le langage épuisé et ma chatte
dans ton nez
il ne restera plus rien
alors
je mets mes bras
mes bas sont mis
le nylon de mes bras dans le ciel étoilé
sur ton sexe écrasé le goudron mouillé

 

Arthur Rimbaud


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prends ses mains peut-être, et tourne-la contre ton bassin devant, noue ses poignets comme pour te dégager une main et attrape lui les cheveux violemment tire jusqu'à voir ses larmes, elle adore ça, elle trempera ta peau au point que tu glisseras sur elle ton regard éperdu dans ses épaules et après, elle te sucera, sa mouille jusque dans tes cheveux

 

Arthur Rimbaud


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je suis anti-bourgeoise et libertaire
je rêve un combat violent
une vraie insurrection
un vrai renversement
une vraie union politique qui prend en compte
le peuple crie
pas seulement celui qui est prêt à se faire gazer en manif
celui qui reste chez lui dépité et pauvre
celles qui vivent au-delà du périph
je ne sais pas si c'est plein jour ou si tout le monde dort
les souffles peinent parce que vous êtes éteints
il faut être absolument moderne et baiser plus

 

Arthur Rimbaud


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je ne suis pas alcoolique

j'ai peur de la mort

le sexe à la vie m'attache

c'est une histoire de fluide

je ne veux pas de chamane à dix mille balles

je ne veux pas léguer mon existence au travail salarial

je crois en la séduction permanente

à comment tu t'habilles pour que je te déshabille

j'espère qu'il fera chaud et que ton cul sera salé,

que chacune se mettra à niquer puissamment et fort

 

Arthur Rimbaud


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ses cheveux sont courts

sa nuque libérée

je vois ses lèvres brunes gonflées

je les prends avec ma bouche

son suc est là

son corps sur mon corps bouge

je retire sa culotte mets ma cuisse entre

ses jambes en la regardant dans les yeux

puis je la retourne

mes doigts sur son sexe ouvert et trempé

elle attend que je la pénètre

son cul tendu vers moi

je vais jusqu'au bout

jusqu'au moment où elle est tellement

serrée que mes doigts ne peuvent plus

ni entrer ni sortir d'elle

elle jouit, un filet de bave au bord de ses lèvres

je lui ai écrit un poème

 

Arthur Rimbaud


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SUCE SUBALTERNE

(un poème sur le salariat)

 

j'y vais et le cœur me serre

en circuit libéral fermé

pendant qu'ils nous pompent,

j'achète des probiotiques

et tu fais du yoga

il faut se recentrer et réussir

à tenir debout

les yeux dans les trous

prendre la drogue et bouffer

des compléments alimentaires

avec le curcuma

et la nourriture sortie du frigo au moins

dix minutes avant de la manger

je suis dingue et les pots d'échappement

investissent ma peau

et les cheveux blancs dans mes cheveux noirs

baise baise baise

 

Arthur Rimbaud


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tes yeux blancs, tu happes mon poignet, l'avales

ma bouche ouverte de ne pas y croire que mon bras

va jusque-là

des larmes au bout de mes cils de te trouver

si belle incarnée

de vouloir rester comme ça, mon poing dans toi

 

tremper ton genou à quatre pattes sur ton bassin

le paysage flou derrière tes épaules tes cheveux rien

tu ne respires plus, tu cries mouillé

et je délire intensément

 

tout ce que je croyais ici est ailleurs

on peut partir là maintenant

nos poings dans nos chattes

et la musique dans tes enceintes

 

Arthur Rimbaud


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l'œuvre d'art doit bouleverser ou tu es

moins qu'un humain et

tu pues

fais moi pleurer que je sente mes émotions

qui me ramènent

au vivant

sinon je suis morte et tout est foutu

est-ce que tout le monde est si misérable putain qu'ils font tous de la merde

alors que l'art c'est beau merde merde merde

et je ressens rien alors que je devrais être bouleversée et pleurer vivante

 

 

Arthur Rimbaud

​

pp.253-25

 

 

Elodie PetitAnthologie douteuses (2020-2020),

Élodie Petit & Marguerin Le Louvier, Rotolux Press, 2021

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