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À l'origine, ces textes sont des stories instagram d'Ulrich K. Baer - des formes qui disparaissent très vite et dont Léon Pradeau a voulu en retenir certaines, parce qu'il les voyait comme des poèmes.
Les voici donc, dans une autre langue, avec l'idée que la traduction les fasse durer un peu davantage.

Léon Pradeau

 

Stories

tous les euro boys avec qui je baise

savent sans demander

que je suis un cowboy laid et blessé

nonchalant à travers

les continents, courbé sur

une plaie écrite

dans ma cuisse, où les ronces

germent —

mais toi, le premier beau mauvais homme que j’aie

aimé, tu as toujours su

et senti que je suis un fusil à lunettes

scannant des plaines infinies

cherchant cherchant ton

corps imprononçable

dans la nuit

 

 

° ° ° ° °

bruit de radiateurs, ses cuisses

feraient pleurer n’importe

quel homme j’envoie

des lettres votives à ses

cuisses musclées, hier Genet disait que

le mur entre

ça et nous

est comme un voile, durable comme la pierre

parce qu’on est éphémère, je sais je sais

c’était tissé dans

« la saison des larmes »

passe ton corps par rivières & cascades

qui te transforment, vers la mort

silice, les travaux faits au sol

gradations

et fissures interminables, je

n’oublierai pas

 

 

° ° ° ° °

oh plaisance mon top

rebaigné·e

moi emme

enhiveré trere

envoye

maesse tienne

 

quaelle

sil lice

si

jms souvenus

mes rêves

vrmt

ne fusse où 

 

° ° ° ° °

porte-moi jusqu’en haut des

escaliers j’ai foulé ma

cheville

sous les deuils

 

pourquoi es-tu

incapable d’aimer

 

tu compliques l’histoire

la redisant

 

les gens se transforment

en oiseaux

 

° ° ° ° °

donc tu veux savoir des choses sur ma vie ?

à la halte routière, perdu entre indiana et ohio

& la terre ouverte infinimmense, & le ciel

si si sombre

avec étoiles

 

je t’aime & je pense à

un cheval peint en velours

je prends des photos des camions je cherche

qqn pour danser un slow

what all the euro boys I fuck know

without asking

is that I am an ugly wounded cowboy

sauntering across

earth hunching over

this literary wound

in my thigh,      where thistles

blossom -

but what you, as the first evilbeautiful man I ever

loved, have always felt

and known is that Im like a radar gun

sweeping across infinite fields

searching searching for yr

body ineffable

in the night

 

 

° ° ° ° °

Radiator noise, his thighs

would make any man

cry we send

votives to his 

Muscled thighs, in the past Genet says the wall

Between

us and it

is like a veil, durable as rock

because it's ephemeral, I know I know

it was woven in 

the "season of tears"

pass yr body thru the river and waterfalls

of transformation, towards death

siliceous, the ground works

gradations

infinities of chasm, I won't

forget

 

 

° ° ° ° °

o goodly top

bebathed

me seolf

bewintered ertha

sendnes

thine maesse

 

hwaet

syllicre

ic

never remembered

my dreams

tryly

wiste I never where

 

° ° ° ° °

carry me up the stairs I twisted my

ankle

beneath the greaves

 

 

why can't you

love me

 

complicating the story

by retelling it

people change

into birds

 

° ° ° ° °

Do you want to know about my life? 

I am at a rest stop somewhere between Indiana and Ohio

and the earth is open endlessimmense, and the sky is

dark dark dark

with stars

 

and I love you I'm thinking of

a velvet painting of a horse

I'm taking photos of trucks I was just looking for

someone to slowdance with

Ulrich K. Baer

traduit par Léon Pradeau

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