Le poème Nuit reine est une réécriture de Nuit rhénane d'Apollinaire. Nous nous demandons : "que font le genre et la langue et la poésie ?". Ici on retrouve un Apollinaire travesti qui, au lieu de boire, demande à être bu.
Nuit reine
Mon calice est plein du vin violent d’une femme
Écoute
La tempête qui bat la glotte de qui le goûte
C’est le râle des marins qui le préfèrent à la mer
Allonge tes doigts, ta jambe, le jour
La coupe ou la croupe que tu me tends à ton tour
Pour que ma langue entende sous la houle
Celle saoule de ton cœur en calenture
Reine, mon rein est ivre des rivières utérines
De quels millésimes nos chairs accouchent-elles ?
Demandent du bout des lèvres mes nues à ton ciel
C’est à cause des silences sur nos corps rendus sourds
Que nos rêves à tâtons se font encore l’amour