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J'ai rêvé que j'étais Kathy Acker - extrait -


 

Elle lui passe le feu en la regardant dans les yeux
Elle est assise près d'elle, son cul est posé contre le balcon
Elle la laisse pour aller danser et elle ne sait pas quoi dire
Elle la transporte quelque part où elle n'a jamais été
Ses mains effleurent son épaule
Ses mains remettent ses cheveux transpirant en place
Sa main droite fais tourner la clé dans la serrure
Ses mains caressent son dos
Elle l'a fait gémir
Ses gestes sont précis
Elle fait descendre tout son corps sur son lit de fortune
Sa main se glisse dans sa culotte
Elle l'embrasse pose des baisers sur son cou et lui mord la bouche
Elle lèche ses seins salés
Elle la retourne sur les genoux et lui caresse le cul
Elle lui demande si elle aime ça
Elle lui dit que oui
Elle lui joue le scénario qu'elles ont écrit au préalable
Elle la fesse fort
Elle presse son visage contre l'oreiller
Elle lui dit qu'elles sont des chiennes
Elles se reniflent le cul en riant
Elle pisse contre le mur
Elle lui dit qu'elle est sale
Elle lui ordonne de nettoyer
Pendant qu'elle nettoie elle la doigte
Elle se concentre pour arriver à tout nettoyer
Pendant qu'elle nettoie elle met trois doigts enduits de lubrifiant
Elle lâche l'éponge
Elle sort ses doigts et lui ordonne de reprendre son travail
Elle obéit
Elle nettoie à nouveau
Elle frotte vigoureusement pendant que ses doigts entrent à nouveau dans sa chatte
Le mur sent la javel
Elle la félicite
Elle la dirige à nouveau vers le lit
Elle continue à la baiser avec ses phalanges
Son pouce caresse en même temps son clitoris
Elle halète très fort
Elle lui dit qu'elle est le reflet de ses désirs et que ça la perturbe
Le mouvement de gouine c'est de l'émotion de baise c'est-à-dire de la baise avec des émotions
Elle compose son numéro sur son téléphone
Elle l'invite à jeter son identité
Elle pleure et lui raconte ses peurs
Elle lui dit qu'elle ne l'oubliera jamais
Elle dissocie parce que le réel n'est jamais satisfaisant
LE REEL EST HETERO
Elle prend le bus et aimerait tourner sa tête pour la revoir mais ses larmes fixent ses yeux vers l'horizon
Elle sent ses doigts encore frais de son odeur
Elle lui envoie des messages et lui dit qu'elle n'a pas à avoir peur, qu'elle comprend la peur parce que elle aussi est gouine, qu'elle lui promet de prendre soin de sa peur sans brusquer les questions qui tournent autour de sa peur
Elle aimerait y croire et lui répond que peut-être qu'elle a raison mais que les caresses ne peuvent pas réparer les dégâts que d'autres ont fait sinon ce serait trop facile
Elle lui propose qu'elles se réécrivent dans quelques jours, qu'elle a besoin de réfléchir et de retrouver sa solitude.
Mes mains caressent tes tétons
Mes lèvres mouillent tes tétons
Mes lèvre sont les tiennes
Suce moi
Le sexe est physique
Quand tu viens je te vois pleine de bonheur
Je fais tout pour comprendre
Je fais des choses que je peux contrôler
Je fais tout pour pouvoir encore aimer
Et j'ai autant envie de baiser que de pleurer
Ma conscience est boursouflées d'émotions
Mes émotions ne sont pas détachées de ma façon de penser
Je pense donc trop sensiblement
En pensant trop sensiblement je me fais vulnérable face à toi
Je suis trop vulnérable face à toi
Toutes les gouines sont vulnérables

 

Le désir conduit toute mes pensées. Je m'appelle Joyce Rivière / Kathy Acker et mon aine transpire de ton absence. Je réserve mes coups de rein à la cambrure de ton cul parfait. J'explore la possibilité d'être une gouine artiste épanouie, de continuer ma poursuite vers le bonheur. Puisque le bonheur c'est baiser j'apprends à capter les signaux qui me disent que tu attends avec impatience que je te culbute. Ma main est aux aguets de tes mouvements lascifs. Mes poils sont les capteurs sensoriels de tes feux verts. Mes cheveux suivent tes frissons. Le désir conduit toutes mes pensées sans concession, sans s'interdire de m'imaginer mélanger nos peaux molles alanguies. Le fantasme est une force d'énergie potentielle qui permet de sortir de la dichotomie corps / esprit qui nous force à accepter les faits tels qu'ils sont. Mes faits ne sont pas importants. Ce qui est important c'est ce que nous pouvons décider toutes les deux de faire à un instant T. Comment je vais te saisir, quel sera le mot de passe pour accéder à ce que tu caches aux yeux des autres, quelle est la chose la plus honteuse que tu aimerais faire ou qu'on te fasses et que tu ne peux avouer de peur qu'on ne te regarde plus de la même manière. Je m'appelle Joyce Rivière / Kathy Acker et je te dis qu'être gouine c'est faire un pacte avec tes désirs, c'est donc te réveiller un jour et découvrir que plus personne ne te regardera de la même manière et que c'est ta plus grande joie et que tu vivras longtemps avec la satisfaction de ne plus être disponible aux yeux de tous car cet anonymat au monde straight s'appelle la vie.

Je m'appelle Joyce Rivière / Kathy Acker et j’œuvre à la destruction de l'argent qui conditionne tout. Baiser, vivre à deux ou plusieurs, avorter, faire un enfant, avoir un lieu à soi, mourir a un coût. Le système néolibéral a mis en place des dispositifs pour que toute invention ne soit réalisable que sous le prisme de l'argent. La question est dès lors de savoir si on peut inventer sans argent. Car toutes les gouines n'ont pas d'argent et beaucoup considèrent le travail comme un frein à leur désir. C'est pourquoi nous considérons que nous devons poser des bombes dans les banques, abolir les héritages, séquestrer les patrons jusqu'à ce qu'ils donnent entière satisfaction aux travailleuses, à savoir les libérer du travail pour qu'elles puissent avoir tout le temps disponible pour détruire au génie de leur sécrétion l'argent.

 

Joyce Rivière, 2023, inédit

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