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filles-commandos-bandéesJosée Yvon - lu par Isabelle Querlé
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mal au poignet ce matin de tant d'aiguilles 

au rythme des serpents et des demi-lunes en bijoux

entre deux effervescences d'Eno

like an agin movie star humecte son moral dans un bain de 

champagne rose mousseux 

le gun sous mon oreiller 

je joue du masculine tap-dance

moi qui aurai été la plus grande effeuilleuse du siècle 

en me perçant les nombrils et les lobes d'oreilles.

pour toutes les Lise opératrices au Bell, pour toutes les Diane

assassinées chez Simpson's Sears, les Jayne Mansfield violées 

à la sortie de l'école tellement diluées de partout

étouffées sous la bêtise grossière des maris

qui je l'espère s'écraseront sur un poteau. 

J'ai étudié la résistance dans la cour d'école de l'amérique. 

on jouait son sort avec des dés à coudre-sling-shots bien solides. 

bander, toujours bander, nous voilà tassées avec une précision 

mathématique

Olive se shoute son hite 

pis ramasse sa gang 

toutes des fées mal tournées 



 

° ° ° ° °


 

 

Civilisation de la terreur

 

le terroriste n'est pas celui qu'on pense 

quel est celui qui sévit par la panique, le manque, le gel, la comparaison, la différence ?

on cherche à être admiré par ses voisins apathiques qui paient 

une brosse à leur maladie nerveuse: compulsion de hits, de scores, de cigarettes, 

de boire de dormir, de se mettre.

quand l'ennui prend la forme d'un horaire. 

la performance tient lieu d'identité:

on a besoin d'un peuple débandé pour la routine  



 

 

° ° ° ° °

 

 

nous ne prendrons pas de juste milieu. 

nous sommes des éventreuses, nous ne prendrons rien de moins que la Démesure. 

jusqu'à se défoncer, démolir, exploser.

nous ne mourrons pas, notre soif grandit

nous sommes des consommatrices affamées dans cet immense 

marketing où rien n'est oublié.

Dans un siècle-continent où sévit la loi de la jungle la plus féroce, 

les blessées d'hiver seront sans pitié.  



 

° ° ° ° °


 

 

qu'est devenue michelle duclos ?
 

la fascination de la fonction de bander en dépasse la banalité 

c'est alors que nous opérerons un détournement de charge

dans le cul de leur âme

secouant la tacite beauté de sa torpeur,

le Grand froid gris gèle les taudis et les nuages.

 

Seulement les schizophrènes et les radicales ont raison

parce qu'elles ignorent la conception même des fausses frontières.

 

nous docteurs, sorcières et assassines, nous voulons répandre 

la conscience 

comme une malaria fiévreuse et addictive.

 

nous ne supporterons plus la séniorité, le préjugé

la claustration de la famille du statu-quo dans sa vision rétentionnée de l'ennui

plaquer la peur une fois pour toutes, lui marcher dans face

éliminer les entraves, les mythes, les idoles, la notion d'obscénité, de commerce.

dissoudre les vides aspirants, la programmation des bibittes et 

des ruines de toutes les terreurs qu'on s'invente

aujourd'hui pauvre-riche danser aux crécelles de leur monnaie qui meurt

plus jamais traquée, hors de leurs tracks rectilignes, à jamais

détraquée

jusqu'à ce que notre pensée ne devienne que pur cristal.

 

 

Josée Yvonfilles-commandos-bandées, revue Les Herbes rouges,

Québec, 1976, réédition le Nouvel Attila, coll. label Othello, France, 2020

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