mal au poignet ce matin de tant d'aiguilles
au rythme des serpents et des demi-lunes en bijoux
entre deux effervescences d'Eno
like an agin movie star humecte son moral dans un bain de
champagne rose mousseux
le gun sous mon oreiller
je joue du masculine tap-dance
moi qui aurai été la plus grande effeuilleuse du siècle
en me perçant les nombrils et les lobes d'oreilles.
pour toutes les Lise opératrices au Bell, pour toutes les Diane
assassinées chez Simpson's Sears, les Jayne Mansfield violées
à la sortie de l'école tellement diluées de partout
étouffées sous la bêtise grossière des maris
qui je l'espère s'écraseront sur un poteau.
J'ai étudié la résistance dans la cour d'école de l'amérique.
on jouait son sort avec des dés à coudre-sling-shots bien solides.
bander, toujours bander, nous voilà tassées avec une précision
mathématique
Olive se shoute son hite
pis ramasse sa gang
toutes des fées mal tournées
° ° ° ° °
Civilisation de la terreur
le terroriste n'est pas celui qu'on pense
quel est celui qui sévit par la panique, le manque, le gel, la comparaison, la différence ?
on cherche à être admiré par ses voisins apathiques qui paient
une brosse à leur maladie nerveuse: compulsion de hits, de scores, de cigarettes,
de boire de dormir, de se mettre.
quand l'ennui prend la forme d'un horaire.
la performance tient lieu d'identité:
on a besoin d'un peuple débandé pour la routine
° ° ° ° °
nous ne prendrons pas de juste milieu.
nous sommes des éventreuses, nous ne prendrons rien de moins que la Démesure.
jusqu'à se défoncer, démolir, exploser.
nous ne mourrons pas, notre soif grandit
nous sommes des consommatrices affamées dans cet immense
marketing où rien n'est oublié.
Dans un siècle-continent où sévit la loi de la jungle la plus féroce,
les blessées d'hiver seront sans pitié.
° ° ° ° °
qu'est devenue michelle duclos ?
la fascination de la fonction de bander en dépasse la banalité
c'est alors que nous opérerons un détournement de charge
dans le cul de leur âme
secouant la tacite beauté de sa torpeur,
le Grand froid gris gèle les taudis et les nuages.
Seulement les schizophrènes et les radicales ont raison
parce qu'elles ignorent la conception même des fausses frontières.
nous docteurs, sorcières et assassines, nous voulons répandre
la conscience
comme une malaria fiévreuse et addictive.
nous ne supporterons plus la séniorité, le préjugé
la claustration de la famille du statu-quo dans sa vision rétentionnée de l'ennui
plaquer la peur une fois pour toutes, lui marcher dans face
éliminer les entraves, les mythes, les idoles, la notion d'obscénité, de commerce.
dissoudre les vides aspirants, la programmation des bibittes et
des ruines de toutes les terreurs qu'on s'invente
aujourd'hui pauvre-riche danser aux crécelles de leur monnaie qui meurt
plus jamais traquée, hors de leurs tracks rectilignes, à jamais
détraquée
jusqu'à ce que notre pensée ne devienne que pur cristal.
Josée Yvon, filles-commandos-bandées, revue Les Herbes rouges,
Québec, 1976, réédition le Nouvel Attila, coll. label Othello, France, 2020