QUELLE PART DE MOI
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Quelle part de moi a dit oui ?
Quelle part de moi donna son consentement ?
Quelle part de moi vous a fait signe de suivre,
approuva de la tête, écarta mes jambes pour vous ?
Est-ce que ce furent mes longs cheveux noirs,
emmêlés, non peignés, la frange non coupée ?
Est-ce que ce furent mes genoux écorchés, non bandés ?
Est- ce que ce furent mes vêtements achetés d’occasion ?
Quelle part de moi vous invita à entrer ?
J’ai dû vous tenter
être une proie facile :
non surveillée, non gardée. Sept ans.
C’est pourquoi vous vous êtes senti
autorisé à introduire votre corps dans le mien
de mettre votre peur dans mes tripes
de mettre votre colère dans ma bouche.
Vous m’avez volé :
jambes, hanches, et ce qui repose entre –
vous m’avez pris une moitié de mon corps.
Vous l’avez coupé en parts que je possède
et en parts que j’ai perdues,
parts qui restent vivantes
et parts paralysées
parts dans le noir
parts dans la lumière
parts que je vois
parts que vous avez rendues invisibles.
Vous m’avez découpée,
laissée en vie
mais balafrée, des trous noirs
éparpillés
à travers l’univers
de mon corps. Vous avez éliminé de mon sang
les cadeaux jumeaux du chagrin et du plaisir.
Je veux savoir,
que se passe-t-il maintenant
que les arêtes de chair
et de mémoire se réveillent.
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Deborah A. Miranda, Trickster Clan = clan du farceur,
éditions ASM, p.80, traduit de l’anglais américain
par Béatrice Machet