Peu à peu le mot ange disparaît de notre vocabulaire.
surgit une
« campagne » peinte, buisson contre buisson, s’ajoutant aux
fleuristes, arbres, bosquets, jardins publics, cours, allées,
graviers, ponts en dos d’âne, posés ici et là, objets que rien
ne justifie, n’explique, à peine dits, mais chantés, mais gémis,
je cours, tu cours, le chemin t’accroche au passage…
Dans sa vie jusqu’alors active : merveilleuses bribes.
(Ah loin, si loin, qui prendra ta place ? Eternellement, utile-
Inutile, un double se détache et tu l’observes, qui s’avance.)
Tandis que lentement la voix contourne, s’amenuise, s’étale,
entrave, ouvre, s’absente, recommence.
Légère.
Pesante.
Exacte.
Vague.
Déchirure à même le corps. Douceur à même.
Arrache tous les mots, arrache cette gorge,
la tienne, la nôtre, renverse-toi, renverse,
ENCULE-MOI, JE T’EN PRIE, ENCULE-
MOI. Hurle. Points lumineux (poursuite) qu’à
l’infini tu répètes, repères. Enfonce-toi. Enfonce-
moi. Rien. Tête et bouche mâchouillent du sable,
violence du sommeil.
Ah !
Ces courants, ces explosions, cette obscurité,
ces fulgurances mais invente, INVENTE,
que fais-tu là, immobile ? Tu n’as ni sein, ni taille,
ni ventre, ni cul, ni sexe. BOUGE. BOUGE.
BOUGE.
Déplace-toi. RICANE. Monte. Adore. AVANCE.
AVANCE. AVANCE. Romps. Noue. Touche.
Dort. Vacillement, puis à nouveau bien droite
la parole : ruissellement dont tu jettes l’encre.
Tout RECOMMENCE. Je ne PEUX PAS.
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[Pour Lionel Soukaz]
Sur la table de visionnage
La pellicule trace son sillon
Parmi les galets et les crans
A l’écran, des visages et des corps défilent sous ses yeux
Ceux de La Race d’Ep
Ceux d’Ixe
Ceux de Tino
Ceux de Maman que man
Ceux de The Boy Friend
Ceux de The Boy Friend II
Ceux de Paris Chausey
Angel faces célébrés
Réponse conjuratoire à la silenciation
Le photogramme qui précède chaque collure
Accueille davantage de lumière que son aïeul
Lumière de l’inversible
Surimpression de spectrales calanques
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Pour Franck Beauvais
Elle fixe ses doigts
Leur enveloppe œstrogenée
Battre par le froid
Ressemble aux chaines de montagne
Sur les cartes IGN en relief
Elle se souvient d’un film ukrainien
On avait collecté et monté
Des plans de mains au cinéma
Toute époques, pays et genres confondus
Si elles avaient été filmées, pense-t-elle,
Peut-être que ses propres mains auraient rejoints la grande archive
° ° ° ° °
Ménina.
Considère moi comme une simple ellipse,
exilée à la bordure,
au seuil des trompe-l’œil.
Ton visage dévoré
de morceaux de soleil
et de béances d’éclipses,
excède aux angles l’émulsion,
s’attarde à l’intérieur du cadre,
suspendu au mur de crépis.
Le verre travaillé par les rumeurs salines
y réfléchit la tarantelle
à laquelle se livrent deux menottes.
La première, montreuse d’ombres.
La seconde, omo zukai besogneuse,
dont les métriques bientôt harmonisées,
accompagnent les zébrures d’un démêloir pauvre.
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Etendue sur le fer
de zéphyr fouetté.
Une cuirasse de coton
souligne la qualité pythique de tes traits.
Hiérarques assoupis,
captifs de souffrances
retenues aux marges.
Afin de conjurer,
tu consacres ta convalescence à la reprise d’un même brouillon,
tant et si bien qu’il te semble difficile
de cartographier le territoire
où git ta joie enfouie.
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Tu sors de l’atelier,
un soleil dans chaque main.
A l’écart des camarades,
en amont du courant de corps,
tu observes chaque visage de draps défaits.
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Tout contre son ventre clair de menthe,
l’âne veille un brouet de papier.
Convoquée à sa crinière de chaux,
tu portes à votre goût l’elbe nitratée.
En lieu et place d’operaia effrontées,
d’aïeuls que l’on quitte sur la pointe des pieds,
d’autres racines remâchées, rachachées.
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